là, c’est Jacques Livchine du théatre de l’Unité à Audincourt
à la suite du premier “crash-test”, il écrit cela sur le site de “l’Unité”
Spectacle de publicité contemporaine
Jean François Le Scour
1er novembre 2006 aux 3 oranges

C'est un crash test, une première.
Une soirée "es spéciale", mais qui nous beaucoup fait rire. Jean François Le Scour, le voilà

Il fait une performance d'une heure qui s'annonce mortellement chiante. Parler de la pub, dire qu'elle nous agresse etc. On s'attend tous à ça au vu du décor. Eloge des Casseurs de pub. Mais cela ne va pas se passer du tout comme ça.

Le Scour on ne sait rien sur lui sauf quelques déclarations d'intention et qu'il nous vient du Loir et Cher.
"La base de ma pratique est la “croûte d’affiches”. Les affiches
sont collées au rythme des campagnes publicitaires par les afficheurs sur les panneaux 4m/3. Elles deviennent un mille-feuille d’affiches qui, décollé, est jeté à la benne (à ordure).
C’est là que je les récupère et qu’elles deviennent des “croûtes”.
Je suis donc devenu un collectionneur d’affiches sous forme de “croûtes” 4m/3 : elles sont numérotées, “surnommées”, classées, photographiées et archivées. Elles gagnent le statut de “réalités” pour constituer le “diaporama”(enchaînement vidéo projeté sur un écran en “croûte” de 10 “réalités” avec commentaire obsessionnel...).
Ces “réalités” (4m/3, 2m50/1,70 ou 1m60/1,20)
découpées suivant une marque épaisse noir ou blanche deviennent des “désirs, objets du
désir”. Façon simple de montrer sur quoi la publicité travaillle.
Les découpes de “réalités” assemblées au gré des trouvailles de la récupération forment les “collages-suréalités”.
L’image publicitaire est détournée, la dérision arrive...
Les “morceaux choisis”sont des formats d'environ 1m/1 prélevés sur les “réalités” afin d’en faire un accrochage à la russe (cf les intérieurs du 19e, où les murs étaient couvert de tableaux) permettant un juxtaposition improbable de mots et d’images.
La “lecture de publicité”est une lecture d’affiches. Le public ne voit que l’arrière des affiches, il n'entend qu’une suite de mots, de phrases, de slogans. Cette litanie lue devient absurde...
L’affiche de publicité, ça se froisse, se déchire, ça se frappe, ça se ventile et ça se scande... Enregistrée piste par piste et en directe, on arrive à un concerto en affiches mineures, appelé “concert de publicité”.
Les “vidéos-croûtes” sont des projections vidéos sur totems en croûtes formant un écran. C’est le grand étourdissement, on sais plus ce qui est fixe ou animé, sans oublier le son qui ne fait qu’en rajouter.”

Ce soir il nous demande d'emblée au milieu d'un environnement de pub assez flou, si nous regardons les pubs de 4X 3 dans la rue.
Il nous assied par terre , nous sommes une vingtaine et il dit " Comment se fait -il que vous prétendez regarder très peu les pubs, et que dans le même temps la publicité devient de plus en plus omni présente ?
















Le Scour nous demande de garder les portables allumés, et là il joue son propre rôle, Le Scour, un malade qui collectionne les affiches 4 X 3 . C'est quoi ça ? dit la femme de derrière.
Ce qui va se passer- on ne sait pas si c'est maîtrisé ou aléatoire, on ne sait pas si c'est Fluxus, ou un réinventeur. Un incroyable dialogue commence entre Le Scour et les gens qui sont là.
Mais on rit tous de bon coeur, car Le Scour nous a demandé d'être réactif. Et nous le sommes tous, et sérieusement, on réfléchit à voix haute les uns les autres, sur des vidéos, des pubs recouvertes etc.
Le Scour n'a pas l'air décontenancé du tout. Le spectacle c'est donc bien le public
Le public lui est déstabilisé, car il n'a rien pour se raccrocher sauf le sujet. Où veut on en venir ? Il veut nous faire dire quoi... C'est qui ? pourquoi ? Tout le monde est dans le flottement.
Et voilà ça déjante, et pourtant c'est sérieux, citoyen, diront les gens de gauche, bordélique les gens de droite.
A la fin, autour de la soupe, tout le monde ne parle que de pub... Si l'Art c'était de nous faire réagir, le Scour a parfaitement réussi, si Le Scour voulait faire une conférence où l'on entend voler les mouches, ce serait raté.
Le Scour a donc un vrai concept. Nous, épiciers, nous l'interrogeons, mais comment tu vas vivre avec ça ? Mais lui s'en fiche complètement. Voilà une démarche sans concession, il n'a pas besoin, comme nous tous de s'adapter à un goût Moyen Uniforme pour vivre.
J'ai l'impression que de temps en temps il est photographe de pub.
Voilà, écoutez, ceux qui aiment et qui cherchent des concepts et des rituels différents vont être servis, enfin on sort des rails des conventions toutes faites.
Un bon point : il admire Hirschorn, il est en pétard contre tout ce qui touche Canal +, Le palais de Tokyo, l'Art contemporain FIAC etc. Sa mère l'a tout de même abonné à beaux Arts.


Jacques Livchine, novembre 2006
le_scour.jpg
photo jacques livchine
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